A priori, Jérôme Kerviel est salarié d'une entreprise.
Chacun de nous, je suppose, a rencontré un jour ou l'autre des difficultés avec sa hiérarchie et je trouve extrêmement sympathique cet élan de solidarité inattendu envers quelqu'un qui, en fin de compte, a accompli la tâche pour laquelle il avait été embauché.
Certes, on ne lui avait pas donné pour mission de perdre de l'argent mais il est évident qu'on ne lui avait pas demandé non plus de gérer les fonds en "bon père de famille". On voulait du chiffre et on n'était pas très regardant sur la méthode. On savait que ça ressemblait au casino, avec les mêmes risques.
Combien de fois les établissements financiers n'ont-ils pas fait perdre de l'argent à nous, modestes épargnants, en nous aiguillant vers des placements maison douteux où eux-seuls ont été gagnants par le biais des frais d'entrée et de gestion ? Et il n'est pas interdit de penser que la perte était programmée d'avance, au milieu de ce magma financier, la banque se réservant le profit des affaires qui marchaient et nous imputant les pertes des autres.
D'une certaine façon, on savoure le plaisir de la vengeance même s'il ne faut pas trop s'attarder à ce genre de délectation.
Un président qui ne savait pas ce qu'on faisait dans ses services, qui ne savait pas ce qui se passait dans le Sentier il y a quelque temps, est certainement aussi quelqu'un qui ne sait pas que l'argent que les petits épargnants lui confient n'est pas à lui. La faute professionnelle est là, énorme, inqualifiable et pourtant il n'y a pas de sanction...
Il est normal que nous nous sentions proches de Jérôme. Ce n'est peut-être pas Robin des Bois mais il nous ressemble plus que d'autres figures peu reluisantes de la finance, des affaires et de la politique. Il faut chercher la canaille ailleurs et le laisser tranquille. Lui ne touchera jamais à la Constitution pour faire adopter un texte que les citoyens ont repoussé...