PARIS (Reuters)- Goldman Sachs estime que BNP Paribas remplit le mieux les conditions d'une reprise de la Société générale, tout en soulignant que l'acquisition de la seule banque de réseau serait la meilleure solution, avec le rachat de la banque d'investissement par des mains étrangères.
Mardi, des rumeurs d'offres de BNP Paribas ont fait bondir le titre Société générale de 10,42%. Jusqu'à mardi, l'action avait fortement souffert de l'annonce d'un perte de près de 5,0 milliards d'euros attribuée à des prises de positions d'un trader sur les marchés à terme.
Dans une note, Goldman Sachs souligne qu'un acquéreur potentiel de SocGen doit remplir trois critères non financiers: être français comme l'a exigé mardi le Premier ministre François Fillon; la nouvelle entité devra franchir les obstacles des autorités de la concurrence, notamment dans la banque de réseau; l'acquéreur doit être coté en Bourse pour faciliter le financement de l'opération.
"Nous estimons que BNP Paribas remplit le mieux tous ces critères", dit le broker.
"Si en théorie Natixis pourrait se mettre sur les rangs, ce groupe bancaire vient à peine d'être formé et sa direction a une stratégie claire de laisser les acquisitions dans la banque de détail à ses deux maisons mères (les Caisses d'épargne et les Banques populaires).
Goldman Sachs ajoute que "BNP Paribas a su saisir les opportunités dans le passé". "Nous nous attendons à ce que cette caractéristique opportuniste joue dans le cas de SG".
Le parcours boursier de Société générale doit inciter BNP Paribas à peser le pour et le contre d'"une rare opportunité de renforcer sa part de marché".
Toutefois, rappelle la banque américaine, le directeur général de BNP Paribas, Baudoin Prot, a souvent expliqué qu'une fusion avec SG serait destructrice de valeur étant donné l'ampleur des doublons dans l'activité de banque de financement et d'investissement (BFI).
Tout en prenant en compte une acquisition à 100%, Goldman Sachs estime que la cession de SG Corporate and Investment Banking (CIB) lèverait l'obstacle de la destruction de valeur.
CESSION SÉPARÉE DE LA BFI?
"Et même si les politiques préfèrent une solution nationale, l'éventualité que SG CIB tombe dans des mains étrangères se révèlerait la meilleure solution pour minimiser les pertes d'emploi à Paris", affirme le broker.
Mardi, François Fillon a clairement déclaré que le gouvernement entendait "que la Société générale reste une grande banque française, acteur de la mondialisation".
Le ministre du Budget et des comptes publics, Eric Woerth, a affirmé mercredi que le rachat du réseau Société générale ne se posait pas.
De source proche de l'Élysée, on indiquait mardi que le président Nicolas Sarkozy ne voulait "pas voir disparaître le réseau bancaire".
Les analystes d'ING penchent aussi pour le scénario BNP Paribas.
Selon eux, si la Société générale veut rester indépendante, elle devra réduire sérieusement son exposition aux marchés de capitaux. "Nous pensons aussi que SocGen sans exposition aux marchés de capitaux ne serait pas assez rentable", disent-ils.
Ils prennent également acte des déclarations de Baudoin Prot dans le passé écartant un rapprochement avec SocGen. Mais ils notent que le cours de l'action a depuis chuté significativement.
"La part de marché de BNP Paribas dans la banque de détail française est juste en-dessous de celle de SocGen, ce qui pourrait être perçu comme une menace pour BNP Paribas", écrivent-ils dans une note.
"Une fusion entre SocGen et BNP Paribas serait la dernière chance pour des banques françaises de détail non mutualistes de rattraper les banques mutualistes et, c'est pourquoi le scénario (BNP) reste plausible", ajoutent-ils.
Dans la BFI, la nouvelle entité "devra céder une partie de ses plates-formes sur les marchés de capitaux, y compris les dérivés actions", disent-ils.
Société générale est numéro un mondial des dérivés actions.
Vers 12h55, l'action Société générale progresse de 1,49% à 79,58 euros tandis que le CAC 40 recule de 1,42%. BNP Paribas, qui vient d'annoncer une baisse estimée de 42% de son bénéfice net au 4e trimestre, recule de 1,92%.
Raoul Sachs
Source:
Reuters