L'avocat général a requis, ce matin devant la cour d'appel de Paris, cinq ans de prison (la peine maximale) à l'encontre de Jérôme Kerviel. En première instance, l'ancien trader de la Société générale avait été condamné à trois ans ferme et 4,9 milliards d'euros de dommages et intérêts - le montant de la perte qu'il aurait occasionnée en janvier 2008. Cinq ans dont quatre ferme avaient alors été requis par le procureur.
"Votre décision sera exemplaire et dissuasive", a dit à la cour d'appel l'avocat général Dominique Gaillardot en qualifiant Jérôme Kerviel de "pervers et manipulateur".
Sur l'aspect des dommages et intérêts, il a rappelé qu'il ne lui appartenait pas de se prononcer. Mais en l'état du droit, la cour ne peut qu'indemniser la partie civile à hauteur du montant du préjudice si celui-ci est avéré, a-t-il dit. La jurisprudence peut toutefois évoluer, a-t-il constaté.
Lundi, lors des plaidoiries des parties civiles, les avocats de la Société générale ont demandé à la cour d'appel de confirmer la condamnation de l'ancien trader à lui payer 4,9 milliards de dommages et intérêts, une somme astronomique impossible à rembourser.
Opérations fictives, faux courriels et déclarations mensongères
Il est reproché à l'ancien trader d'avoir pris à l'insu de sa hiérarchie pour des dizaines de milliards d'euros de positions spéculatives sur des indices boursiers, dissimulées par des opérations fictives, de faux courriels et des déclarations mensongères.
S'il n'a jamais nié avoir perdu le sens des réalités, le prévenu affirme en revanche que ses supérieurs savaient ce qu'il faisait et l'encourageaient même à prendre des risques.
Lors de son procès en appel, il est allé plus loin, en se disant victime d'une machination: la Société générale l'aurait utilisé comme fusible pour masquer ses pertes dues aux "subprimes", les crédits hypothécaires américains à l'origine d'une crise financière mondiale en 2008.
La défense plaidera jeudi après-midi, puis l'arrêt sera mis en délibéré.
source :
Le figaro