Me Meyer : «La SocGen a agi en justicier privé»

L'avocate de Jérôme Kerviel raconte au Figaro comment le trader réagit à son placement en détention depuis vendredi.

LE FIGARO.   Comment Jérôme Kerviel vit-il son incarcération ?
Me MEYER. Je l'ai vu samedi et il m'a dit «je résiste, je vais résister». Il est fort et plein d'espoir d'une libération prochaine. Le fait de l'envoyer en prison est très difficile, abject, mais il tient le coup. Il est dans une cellule individuelle et il s'y isole. Il n'a pas l'intention d'aller discuter avec un milieu qui n'est pas le sien. Il n'était pas préparé à cette incarcération. À son arrivée, il n'avait même pas dix euros en poche pour s'acheter des cigarettes. Il est obligé d'attendre l'arrivée d'un mandat postal. Et, ce week-end, son frère est allé lui apporter des vêtements.

Quelle a été sa réaction quand il a compris qu'il serait incarcéré ?
Le ciel lui est tombé sur la tête. Il n'a pas prononcé un mot. Il s'est senti trahi. Trahi parce qu'il a, depuis le premier jour, respecté à la lettre les conditions imposées par le contrôle judiciaire décidé par les magistrats instructeurs qui avaient accepté de lui faire confiance et qui avaient appliqué la loi. Jérôme, qui n'a jamais fui, avait accepté de comparaître vendredi. Peut-on imaginer que celui qui fait publier sa photo à la une de toute la presse mondiale ait le dessein de prendre la fuite ? Comment le pourrait-il avec cette photo diffusée partout ? En plus, il n'a pas d'argent ! Malgré cela on le met en prison. Je ne comprends pas, lui non plus.

La mise en détention de Jérôme Kerviel, vendredi, est-elle, selon vous, en lien direct avec la garde à vue, au même moment,d'un courtier ?
Cet élément a nécessairement pesé. Deux heures avant l'audience, on brandit le fait que cet homme est en garde à vue. Tout le monde ne parle que de cela. Et puis samedi, la thèse du complice s'évapore. Cette thèse n'a résisté que le temps que Jérôme aille en prison.

Les défenseurs de la Société générale soulignent que sa détention est la conséquence logique de changements dans le dossier. Jérôme Kerviel aurait menti sur plusieurs points ?
Je ne répondrai pas à cette question. Je ne veux pas aborder le fond du dossier. Les règles déontologiques et le secret professionnel me l'interdisent. Ce que je peux commenter, ce sont les informations déjà publiques et déjà connues.

Malgré tout, est-ce que, oui ou non, l'instruction entre son ouverture le 28 janvier et aujourd'hui a changé de nature ? A-t-il modifié sa version ?
Pour mettre Jérôme en prison, on n'en est plus à une contradiction près ! Le 25 janvier, lors d'une conférence de presse, la Société générale a affirmé devant la presse mondiale après cinq jours d'enquête «c'est l'œuvre d'un homme isolé». Elle l'a confirmé ensuite dans sa lettre aux actionnaires !

Comment considérez-vous les cinq jours d'enquête menés par la Société générale avant sa plainte déposée au pôle financier ?
Il me semble que quand on a des doutes aussi graves que ceux que met en avant la Société générale, on porte plainte tout de suite. On ne se comporte pas en justicier privé. On fait confiance à la justice et à la police de son pays et aux autorités de régulation. À ce jour, je n'ai pas eu connaissance de l'enquête privée menée en interne par la banque.

Que s'est-il passé durant ses deux semaines de contrôle judiciaire ? Qu'a-t-il fait alors que le monde entier parlait de lui ?
Ce n'est pas à moi qui suis soumise au secret professionnel de raconter la vie de Jérôme. Je tiens seulement à souligner qu'il est resté sans protection policière, qu'il a vécu normalement en ayant le soin de toujours respecter les conditions de son contrôle judiciaire. Il ne faisait rien sans me poser la question de savoir s'il y était autorisé. Il s'est promené libre dans les rues de Paris sans être reconnu.

N'étiez-vous pas davantage qu'une avocate dans ces semaines-là ?
Être avocat n'est pas incompatible avec l'humanité qu'on peut manifester vis-à-vis de son client. J'ai ce dossier à cœur. Je vais me battre contre l'injustice de la décision de vendredi. Je maintiens que les conditions de droit d'une mise en détention provisoire ne sont pas réunies. Je ne m'essoufflerai pas sur le sujet. Les enjeux que représente l'affaire ne doivent pas prendre le pas sur la justice qui doit respecter le Code de procédure pénale.


article du Figaro

olivier a écrit:

N'étiez-vous pas davantage qu'une avocate dans ces semaines-là ?
Être avocat n'est pas incompatible avec l'humanité qu'on peut manifester vis-à-vis de son client. J'ai ce dossier à cœur. Je vais me battre contre l'injustice de la décision de vendredi. Je maintiens que les conditions de droit d'une mise en détention provisoire ne sont pas réunies. Je ne m'essoufflerai pas sur le sujet. Les enjeux que représente l'affaire ne doivent pas prendre le pas sur la justice qui doit respecter le Code de procédure pénale.


article du Figaro

Ok, alors là, faut qu'on m'explique si la procédure n'est pas respectée pourquoi il est en taule? Pourquoi ses avocats attendent pour le faire sortir? Je pige pas tout moi

N'étiez-vous pas davantage qu'une avocate dans ces semaines-là ?[/b]
Être avocat n'est pas incompatible avec l'humanité qu'on peut manifester vis-à-vis de son client. J'ai ce dossier à cœur. Je vais me battre contre l'injustice de la décision de vendredi. Je maintiens que les conditions de droit d'une mise en détention provisoire ne sont pas réunies. Je ne m'essoufflerai pas sur le sujet. Les enjeux que représente l'affaire ne doivent pas prendre le pas sur la justice qui doit respecter le Code de procédure pénale.


Ok, alors là, faut qu'on m'explique si la procédure n'est pas respectée pourquoi il est en taule? Pourquoi ses avocats attendent pour le faire sortir? Je pige pas tout moi [/quote]